Textes rédigés par M.Gérard Monsieur
Ce que les Hombliérois appelaient le « Château » est en fait une vaste et belle demeure bourgeoise qui s’élevait au XIX° siècle dans le Parc, à l’emplacement de l’ancienne abbaye Notre-Dame vendue comme bien national à la Révolution française, et transformée en carrière de pierres.
C’était une splendide bâtisse en appareillage de briques et de pierres, et aux façades ordonnancées, percées de très nombreuses fenêtres.
Elle se situait à l’endroit exact de la maison conventuelle, et était entouré d’un parc arboré magnifique, avec la perspective de l’étang.
Cette demeure fut construite au tout début du XIX° siècle. Plusieurs propriétaires se succédèrent avant qu'elle ne devienne la propriété de la famille de négociants ARPIN-PAILLETTE en 1869.
Réquisitionné en 1914 par les Allemands pour servir d'hôpital de campagne, puis de logement pour officiers à l'arrière du front, le château fut détruit par une mine à retardement lors du repli de l'armée allemande en 1918.
Quand survint la Révolution française, les hombliérois rédigèrent une pétition afin que l'église abbatiale, vouée à la destruction, leur soit donnée pour leur servir de lieu de culte en remplacement de leur église paroissiale qu'ils jugeaient trop petite, vétuste et insalubre.
Ils n'eurent pas gain de cause et ce n'est que dans la deuxième moitié du XIX° siècle que des agrandissements purent avoir lieu.
A l'intérieur, un édicule abrite les reliquaires de sainte Hunégonde.
Endommagée pendant la Première Guerre mondiale, elle fut réhabilitée, recevant un nouveau clocher et de nouvelles cloches. En 2009, une restauration soignée du pignon ouest et un nettoyage des pierres lui a rendu toute sa noblesse.
L'église paroissiale saint-Etienne
L'une des pierres du chevet porte une date: 1634. C'est celle de la reconstruction de cette église.
En effet, on sait, par une charte de 947, qu'un édifice religieux, dédié à saint Etienne existait déjà à ce même emplacement.
Il dut sans doute être rebâti plusieurs fois du fait des différents conflits: guerre de Cent Ans, pillage de la région en 1557, guerre de Trente Ans,…
Tout au long des siècles, la modeste église paroissiale fut la voisine de l'abbaye royale Notre-Dame d'Homblières et de sa belle église abbatiale.
Le curé était nommé par le prieur du monastère et devait reverser la moitié de ce que ses ouailles lui donnaient.
Ayant repris Saint-Quentin, le général Debeney transporte son quartier général à Homblières, le 7 novembre 1918 au matin.
Le presbytère en partie détruit est sommairement réparé: du carton bitumé et des bâches sont posés sur la toiture, l'électricité installée, et une table de salle à manger allongée disposée dans la pièce principale. C'est que l'on attend les plénipotentiaires allemands en route pour rencontrer le maréchal Foch à Rethondes.
Ceux-ci arriveront à bord de voitures de l'armée française dans la nuit. Ils seront accueillis par le général Debeney qui leur fera servir un frugal repas, après leur avoir détaillé les conditions de l'Armistice.
Les parlementaires allemands repartiront aussitôt après cette courte halte en direction de Tergnier.
Le 8 novembre 1925, une plaque commémorative rappelant cet événement a été posée sur le mur du presbytère en présence du général Debeney.
Maquette de l'abbaye réalisée par M.Monsieur
L'abbé était le seigneur du village. Non seulement, il avait droit de justice sur l'ensemble des terres dépendant de l'abbaye, mais il représentait la loi et la juridiction aux côtés du mayeur et des échevins dans les décisions et transactions.
A la Révolution, l'ensemble des bâtiments et du patrimoine foncier fut vendu comme biens nationaux en 1791.
L'abbaye fut transformée en carrière de pierres. Aujourd'hui, ne subsistent qu'un portail fortement remanié par les propriétaires du château qui fut construit ensuite à cet emplacement, et des souterrains désormais inaccessibles.
L' abbaye royale 'Notre - Dame d'Homblières'
C’est en 650 que l’abbaye Notre-Dame d’Homblières aurait été fondée par Saint Eloi, l’évêque de Noyon.
Ce monastère, peuplée d’abord de moniales, fut illustré par une sainte femme, Hunégonde (voir article) qui en devint l'abbesse et y fut ensevelie. La grande ferveur de cette religieuse et les vertus miraculeuses de la source qui portait son nom apportaient une grande notoriété à cet établissement.
Au X° siècle, incursions normandes et guerres entre seigneurs amenèrent leur lot de malheurs, et eurent pour conséquence un relâchement des mœurs chez les moniales qui furent remplacées par des moines bénédictins.
L'abbaye, protégée par les rois et les papes, bénéficia de très nombreuses donations de terres et de droits de la part des comtes du Vermandois, de seigneurs, de chevaliers et de bourgeois, si bien qu'elle étendit et renforça son autorité et sa puissance foncière.
Le monastère fut dirigé par des abbés réguliers (c'est-à-dire élus par et parmi les moines) jusqu'à la fin du
XVI°siècle. Puis par des abbés commendataires (choisis par le pouvoir royal) jusqu'à la Révolution.
Ses restes furent retrouvés en 946 et déposés dans une châsse conservée dans l'abbaye.
Les vicissitudes des guerres amenèrent les abbés à mettre ses reliques à l'abri des murs de Saint-Quentin au XVème siècle.
Ce n'est qu'en 1679 que les restes de Sainte Hunégonde retrouvèrent l'église abbatiale.
Mais, à la Révolution, pour échapper à la destruction, ils furent cachés et ne reprirent place dans de nouveaux reliquaires qu'au XIXème siècle.
La procession annuelle en l'honneur de Sainte Hunégonde attiraient autrefois une foule considérable. Elle fut abandonnée après 1976.
Sainte Patronne du village, c'est un personnage incontournable qui fit la notoriété de l'abbaye.
Née à Lambais, près d’Urvillers, vers 638, elle était issue d’une famille noble. Il est dit, dans la légende, qu’encore enfant, elle allait, toutes les nuits, assister aux prières des religieuses déjà établies à Homblières.
D'autorité, ses parents la marièrent à un certain seigneur Eudalde, la dotant de terres et de métairies.
Mais Hunégonde, qui avait pris la pieuse résolution de consacrer sa vie à Dieu, et ayant fait annuler ce mariage par le pape, se retira, en 672, dans le monastère d'Homblières dont elle devint l’abbesse. Elle y mourut en 690 et y fut ensevelie.